Ivermectine: Ce que les média ne mentionnent pas.
Voici ma réaction à la réception de l’article Ivermectin: How false science created a Covid 'miracle' drug de la BBC, daté du 6 octobre 2021. J’ai écrit cette réponse, en date du 10 octobre 2021, à la personne qui me l’avait fait parvenir et je crois que cette réponse est d’intérêt public.
Concernant l’article de la BBC, il n’y a pas de référence ni même le titre de l’étude faite par les chercheurs interviewés, et celui-ci me semble vague et principalement appuyé par des affirmations hypothétiques telles que « can reveal », « can be biased », « may have been faked » ou « highly likely at least some of them may have been knowingly manipulated ». La revue de ces études a-t-elle été faite ou pas? Selon ce que j’en comprend, leur argumentaire s’appuie sur un article d’opinion qu’ils ont publié dans la revue Nature en date du 22 septembre 2021, qui contient seulement 7 références et ne détaille que très peu leurs affirmations. Par ailleurs, il existe présentement 44 études cliniques ayant été revues par les pairs concernant l’ivermectine, et 20 autres ayant été déposées pour révision. Malgré que la BBC affirme elle-même que « The BBC can reveal that more than a third of 26 major trials of the drug for use on Covid have serious errors or signs of potential fraud. None of the rest show convincing evidence of ivermectin's effectiveness. », ils ne sont pas en mesure d’indiquer aux lecteurs quelles sont les études ayant été analysées, ni les critères de sélection pour trier les études qui sont « convaincantes » de celles qui ne le sont pas, et ne précisent pas non plus quelles 9 ou 10 études (±1/3 des 26 études analysées, ils ne précisent même pas le nombre exacte) sont suspectes, ne nommant qu’un seul chercheur – le Dr Niaee - et mentionnent vaguement « l’étude libanaise ». Ce genre de pratiques ne sont pas tolérées lorsque de l’information est partagée sur les réseaux sociaux et ne devraient pas l’être simplement parce-que l’entête contient l’acronyme BBC.
Au-delà de ce que l’article mentionne, c’est ce que l’article ne mentionne pas qui est le plus frappant. J’ai trouvé au cours de la semaine dernière, un micro-rapport de l’OMS daté du 7 mai 2021 et intitulé « UTTAR PRADESH Going the last mile to stop COVID-19 ». Pourquoi « the last mile to stop COVID-19 »? Parce-que l’état d’Uttar Pradesh, le plus populeux de l’Inde comptant près de 230 millions d’habitants et une densité de population parmi les plus élevée sur terre, est passé de processions macabres dans le Gange et la crémation massive de corps, au contrôle de l’épidémie en quelques semaines, comptant maintenant moins de 100 nouveaux cas par jours depuis plusieurs mois, alors qu’à la fin du mois d’aout le taux de vaccination était de 25//5% (1//2 doses), donc encore plus faible lors de la reprise en main de l’épidémie en mai-juin.
Ironiquement, bien que cela fasse plus de 5 mois que l’OMS ait supervisé l’effort indien, en plus d’avoir aidé à la formation du personnel et la planification de l’opération, elle n’a produit qu’un rapport de moins d’une page une fois les images retirées. Cet exploit ne mérite-il pas d’être diffusé et connu de par le monde? Ne mérite-t-il pas une attention particulière et un traitement accéléré? Par ailleurs, l’élément le plus « étrange » de cette publication de l’OMS est le fait qu’ils mentionnent à deux reprises que « Those who test positive are quickly isolated and given a medicine kit », mais, oops, ils ont oublié de mentionner quel est le contenu du kit.
Allons donc voir ce qu’en disent les responsables indiens. Dans un article daté du 12 mai 2021, soit une semaine après la publication de l’OMS, MSN News défia le black-out quasi-total de la presse occidental et publia l’avis de Vikssendu Agrawal, State Surveillance Officer pour le Integrated Disease Surveillance Programme (IDSP), qui mentionnait que:
“Uttar Pradesh was the first state in the country to introduce large-scale prophylactic and therapeutic use of Ivermectin. In May-June 2020, a team at Agra, led by Dr Anshul Pareek, administered Ivermectin to all RRT [rapid response team] team members in the district on an experimental basis. It was observed that none of them developed Covid-19 despite being in daily contact with patients who had tested positive for the virus”
Et l’article ajoute:
He added that based on the findings from Agra, the state government sanctioned the use of Ivermectin as a prophylactic for all the contacts of Covid patients and later cleared the administration of therapeutic doses for the treatment of such patients.
L’initiative a alors été suivie par la plupart des états indiens, ce qui a poussé l’OMS à faire une sortie publique. La Dr Soumya Swaminathan, dans un tweet qu’elle a maintenant supprimé (il est tout de même disponible dans plusieurs articles de journaux si on en fait la recherche exacte), mentionnait que:
Safety and efficacy are important when using any drug for a new indication. @WHO recommends against the use of ivermectin for #COVID19 except within clinical trials https://t.co/dSbDiW5tCW
— Soumya Swaminathan (@doctorsoumya) May 10, 2021
Mettant comme référence un communiqué de presse de Merck, entreprise ayant développé le médicament dans les années 80 et dont le brevet est maintenant éteint. L’entreprise est présentement en train de développer un nouvel antiviral qui est potentiellement efficace contre la Covid, ce qui constitue un immense conflit d’intérêt de la part de Merck et est un comportement « étrange » de la part d’une institution chargée de déterminer si un traitement est efficace ou pas.
Suite à cette sortie publique, certains états dont celui de Tamil Nadu ont immédiatement retiré l’ivermectine des traitements recommandés pour rejoindre l’état de Kerala dans ses restrictions (l’état de Kerala autorisait l’ivermectine pour les cas modérés seulement - donc après la plage de traitement précoce -, alors que les autres états s’en servent comme traitement précoce ou comme prophylactique). Résultats: l’état de Kerala compte près de la moitié des nouveaux cas à l’échelle nationale qui ont suivi la fin de la deuxième vague indienne, malgré que l’état compte seulement 2.5% de la population du pays et qu’il soit le champion de la vaccination, tandis que l’état de Tamil Nadu compte près de 100 fois plus de nouveaux cas que l’état d’Uttar Pradesh (soit ±1200/jour), malgré une population 4 fois plus faible que celle d’Uttar Pradesh.
Par ailleurs, le succès d’Uttar Pradesh s’est généralisés à la plupart des états indiens (je ne suis pas au courant du niveau d’utilisation de l’ivermectine pour tous les autres états, mais je sais que les états de Dehli, Goa, Uttarakhand et du Punjab l’ont utilisé).
La différence marquée entre le nombre de nouveaux cas entre les états de Kerala et du Tamil Nadu montre que le simple fait de ne pas avoir utilisé l’ivermectine ne peut expliquer toute la variabilité, mais lorsque comparés aux états ayant utilisé l’ivermectine et étant moins vaccinés, trois constats sont apparents:
Les états ayant utilisé l’ivermectine ont de loin de meilleurs résultats quant au contrôle de l’épidémie;
La vaccination n’est pas le facteur principal derrière le nombre faible de nouveaux cas;
Les autorités sanitaires occidentales et supranationales ne semblent pas très intéressés par la situation indienne.
Aussi, Pfizer semble d’avis que l’ivermectine puisse fonctionner. En effet, suite à la publication le 3 avril 2020 d’une étude in-vitro démontrant que l’ivermectine empêchait la réplication du SARS-CoV-2, la communauté scientifique a approfondie le sujet. En mars 2021, à deux jours d’intervalle, une étude in-silico était publiée démontrant le processus par lequel l’ivermectine avait démontrée son efficacité in-vitro, soit en bloquant protéase 3CL, et Pfizer annonçait la phase 1 du développement d’un nouveau médicament qui bloque… la protéase 3CL.
Finalement, concernant l’étude PRINCIPLE d’Oxford que vous m’avez envoyé lors de votre première réponse, l’un des critères d’admission est que les symptômes soient présents depuis moins de 14 jours. La Covid étant une maladie qui se développe par phase, le moment de l’administration du traitement est une donnée fondamentale qui ne semble pas être prise en compte dans l’étude. Selon les études ayant déjà été publiées, l’information est la suivante:
Comme les études in-vitro et in-silico démontrent que l’efficacité de l’ivermectine vient de sa capacité à bloquer la réplication du virus, et comme la phase virale dure en général de -5 jours avant l’apparition des symptômes à 10 jours après l’apparition des symptômes (le pic du taux de réplication se trouvant à l’apparition des symptômes), le protocole établi pour l’étude PRINCIPLE garanti que les résultats quant à l’efficacité de l’ivermectine seront moindres, voir même fortement diminués si on se fie au délais entre l’apparition des symptômes et le moment de l’administration du traitement pour les autres médicaments étudiés. Le terme pour ce genre d’étude est « flawed by design », l’étude est montée de façon à ne pas démontrer de résultats satisfaisants. On ne prendrait pas au sérieux une étude analysant des traitements pour le cancer appliqués à des patients en phase terminale, et on ne devrait pas prendre cette étude au sérieux concernant l’efficacité de l’ivermectine contre la Covid.
Donc pour conclure, il est vrai que l’efficacité de l’ivermectine n’a pas été démontrée hors de tout doutes, mais il est aussi vrai que les autorités compétentes ne font pas les efforts nécessaires afin d’aller au fond des choses, malgré les exemples de campagnes couronnées de succès en Inde, ou que la majorité des petites études indépendantes, ainsi que les témoignages des praticiens utilisant le médicament, sont majoritairement positifs.
Les questions qui devraient être posées quand on lit des articles négatifs quant à l’ivermectine et à ceux qui en font la promotion sont les suivantes:
Pourquoi des gens qui n’ont absolument rien à gagner, tels que les Dr Tess Lawrie et Pierre Kory pour ne nommer que ceux mentionné dans l’article de la BBC, risqueraient leur réputation et leur carrière (très enviable dans le cas de ces deux chercheurs) pour défendre un médicament qui ne fonctionne pas?
Pourquoi les médias ignorent les avis des experts ayant exécuté une stratégie qui a fonctionné, peu importe s’ils y sont parvenus à l’aide de l’ivermectine ou d’autres mesures, et se réfèrent systématiquement à des experts qui font la promotion d’une stratégie qui, au mieux, nous fait faire du surplace?
Pourquoi les médias occidentaux ont mis un focus sur l’inde alors que la Covid faisait des ravages, alors qu’à la mi-septembre, le New York Times résumait la suite des événements et ne daigne même pas mentionner la reprise en main de l’épidémie?
De toute évidence, l’information que l’on reçoit est au mieux parcellaire, voir même profondément biaisée, c’est donc pourquoi j’en suis présentement à passer le plus clair de mes temps libres à faire des recherches et même à contacter des professeurs afin de tenter de voir plus clair sur le sujet. Il est généralement accepté qu’une approche combinée vaccination/traitement serait idéale, et contrairement à ce que l’information que nous recevons laisse croire, cette option semble être à portée de main.